Transformer les églises

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Avec son architecture simple et dépouillée, le bâtiment de l’église St-Columba pourrait être avantageusement remis en valeur et réutilisé, y compris à des fins résidentielles (condominiums à l’intérieur de la structure actuelle); les idées ne manquent pas.

Il  existe de nombreux projets réussis de transformation d’édifices religieux à des fins institutionnelles, récréatives, résidentielles ou autres, malgré les défis importants posés par ces projets. Cette section présente plusieurs exemples de projets, à Montréal (y compris dans le quartier de Notre-Dame-de-Grâce), au Québec et ailleurs.  On y retrouve aussi une liste de ressources (organismes,  architectes, artisans ouvriers, experts-conseil …) spécialisées en conservation et réhabilitation du patrimoine.

Lieux de culte reconvertis à d’autres usages : projets exemplaires  (CPRQ)

En 2012 et en 2014, le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) a publié une série de cahiers (ou fiches descriptives) sur des projets exemplaires de transformation d’églises patrimoniales à travers le Québec. Tous les cahiers sont disponibles sur leur site pour téléchargement en format PDF. Réf. Des églises réinventées.

Sept exemples de transformations à Montréal – La série Des églises réinventées comprend sept portraits de lieux de culte à Montréal reconvertis à d’autres usages :

Les clés du succès 

Dans son article La réinvention des églises montréalaises , (Le Devoir, 17 juin 2014), la journaliste Frédérique Doyon résumait les expériences montréalaises et concluait ainsi :  »Le CPRQ  note que tous les projets étudiés ont été bien accueillis par la société. Le secret de cette acceptabilité sociale élevée? La sensibilité patrimoniale des promoteurs, la qualité architecturale et l’encadrement assuré par les autorités municipales y ont certainement contribué ».

Nos observations :  Ces trois ingrédients ont clairement fait défaut dans le cas du projet  de démolition de l’église St-Columba / construction résidentielle (projet particulier PP-87) qui a cheminé de 2014 à 2016 et qui n’a finalement pas vu le jour.

Comme le souligne Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ), plusieurs modèles de reconversion inspirants démontrent le rôle que peuvent jouer les promoteurs privés dans la conservation du patrimoine religieux, à un moment où l’on met la clé sous la porte d’une à deux églises par semaine.

Autres clés du succès : l’implication des municipalités et des résidents (acceptabilité sociale). Selon les porte-parole du CPRQ :  »Tous les projets ont du potentiel, à condition que les citoyens désirent sauvegarder leurs églises ». Le CPRQ relève également que la plupart des églises en mutation sont cotées D ou E, donc de moindre importance patrimoniale, mais le fait qu’une population ait voulu un projet, débouche sur  une réalisation. (Réf. Tatouer dans les églises et les chauffer à la la cryptomonnaie. Par Fanny Lachance-Paquette,  Ici Radio-Canada – Estrie, 

Une étude approfondie sur la transformation des églises et les défis posés par ce type de projet a été réalisée en 2011 par Lyne Bernier, de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain (École des sciences de la gestion, UQÀM). Pour plus de détail, consulter :   La conversion des églises à Montréal – État de la question.

Exemples de transformations – À Notre-Dame-de-Grâce 
 Bibliothèque Bennyancienne Bibliothèque Benny,  5460, avenue Benny – La bibliothèque municipale a été ouverte en 1956, dans un édifice qui abritait à l’origine la chapelle temporaire de la paroisse Sainte-Monica. Réf. Bibliothèque Benny.  Suite au transfert de la bibliothèque dans le nouveau centre culturel de NDG en 2016, l’édifice a été mis en vente par la Ville et a trouvé preneur après  trois ans. Il a été rénové et est maintenant occupé par l’organisme communautaire Head & Hands.
Dans le cadre du projet particulier PP-87, des fonctionnaires de l’arrondissement ont cité  l’exemple de Benny pour illustrer la difficulté de revendre ou de réaffecter des édifices  religieux à des fins institutionnelles.
Nos observations : Cet argument n’est pas pertinent pour l’église St-Columba, qui n’appartient pas à la Ville, mais à un promoteur privé. Au contraire, Benny est un exemple éloquent d’une conversion et réaffectation réussies d’une ancienne chapelle, utilisée à d’autres fins pendant près de 60 ans. De plus, l’architecture et le paysage entourant le bâtiment s’apparentent à ceux de St-Columba et illustrent le potentiel de réhabilitation des lieux une fois la façade remise en état. Voici à quoi pourrait ressembler le bâtiment de l’église St Columba si sa façade était restaurée. Les deux édifices ont en commun une architecture de facture modeste et un aspect sobre et dépouillé, qui feraient le bonheur de nombreux architectes et designers urbains.
IMG_7623 Bibliothèque Benny
Église St-Columba – 4020 avenue Hingston, Notre-Dame-de-Grâce Ancienne bibliothèque Benny – 5460 avenue Benny, Notre-Dame-de-Grâce

Notons que l’ancienne bibliothèque Benny  est l’un des 10 lieux retenus par la Ville et les arrondissements dans le cadre du concours « Lieu de patrimoine en fête 2019». Voici la description qu’en fait la Ville sur le site d’Opération patrimoine Montréal : « La bibliothèque Benny est une ancienne petite église protestante construite à la fin des années 1940… Admirablement localisée sur son site, elle demeure discrète et propose une relation harmonieuse avec le parc et la rue. La petite église de jadis fait partie d’un chapelet de lieux de culte implantés le long de la rue Notre-Dame-de-Grâce ». 

On pourrait répéter mot à mot les mêmes qualificatifs pour St-Columba. Espérons que la Ville saura reconnaître, protéger et valoriser les qualités de ce site, comme elle l’a fait pour Benny.

Église Wesley United – 5964, avenue Notre-Dame-de-Grâce – Un exemple de transformation pour des fins de location à une quinzaine d’organismes sociaux et communautaires, dont deux garderies et  le Centre communautaire NDG. Les revenus de location ont quintuplé et permettent à la congrégation de financer les travaux de restauration de l’église comme telle. Coût du projet : 1,1 million de dollars. Réf. Recyclage de l’ancienne école du dimanche. Un mariage durable entre patrimoine et stratégie immobilière. Conseil du patrimoine religieux du Québec.
Église Saint-Matthew – 4940, avenue Macdonald – Un projet particulier (PP-59) a été monté en 2011 pour autoriser l’usage « école primaire et préscolaire » à  l’intérieur de cette église anglicane construite en 1937 et acquise en 2011  par l’académie Solomon Shechter Academy .   L’église et son ancien presbytère font partie de la liste « Bâtiments d’intérêt patrimonial et architectural hors secteurs de valeur exceptionnelle » énoncée au Plan d’urbanisme; le sommaire décisionnel conclut : « À ce titre, la propriété est identifiée comme un immeuble significatif au Règlement d’urbanisme (01-276)« . Réf. Projet particulier PP-59 (église Saint-Matthew), Sommaire décisionnel, août 2011. Le nouveau propriétaire a de plus tout mis en œuvre pour préserver et exploiter l’intérieur de l’église (orgue de Casavant, sous-sol, charpente, vitraux…). Réf. New School to Preserve Church Sanctuary, Canadian Jewish News, June 15 2011).  Un exemple de traitement, par les autorités municipales et par le promoteur, diamétralement opposé à celui réservé à l’église St-Columba. 
A noter également : l’Église Christ Memorial (4850,  boulevard Grand), construite en 1964 (40 ans après St-Columba) et qui en 2004 fut sauvée de la démolition par …. le conseil d’arrondissement de CDN-NDG, qui estimait alors que  »la démolition de l’immeuble serait une perte pour le patrimoine de l’arrondissement …’’ Réf. : Ville de Montréal – arrondissement CDN-NDG  communiqué – 2 mars 2004
Autres exemples de transformations d’édifices religieux au Québec
De nombreux articles témoignent d’idées et de projets réussis; nous en avons cité plusieurs sur la page d’accueil et dans la section Webographie de ce blogue. En rappel, voici quelques liens :
Urgence d’agir pour l’avenir des églises. Laurence Gallant, Ici Radio-Canada, 
Tatouer dans les églises et les chauffer à la la cryptomonnaie. Par Fanny Lachance-Paquette,  Ici Radio-Canada – Estrie, 
Where Churches Have Become Temples of Cheese, Fitness and Eroticism, New York Times, 30 juillet 2018. Un article sur les projets audacieux de transformation d’édifices religieux, soutenus par le Conseil du patrimoine religieux du Québec.
Des laitues pour sauver une église. Isabelle Ducas, La Presse, 1 avril 2018 et Inno-3B propose un centre de démonstration de culture verticale pour l’église de Saint-Pacôme, Maurice Gagnon, Le Placoteux, 17 octobre 2017.
L’occupation éphémère pour chasser les fantômes immobiliers. Sarah R. Champagne, Le Devoir, 2 août 2016.
L’art de faire revivre les églises . Jean-Marc Carignan, journal Le Métro, 13 janvier 2016.
Un autre témoignage d’architecture durable et reconversion ingénieuse d’église… à des fins récréatives.
Patrimoine religieux – Transformer une église: un guide en 10 étapes. Marie-Pierre Beaubien, TVA Nouvelles, 7 janvier 2016. 
Un couvent en voie d’être converti en condos. Maxime Bergeron, La Presse, 28 septembre 2015. Un projet de remplacement « sensible au site, à notre communauté et au voisinage« . Le promoteur conserve le bâtiment et préserve tous les espaces verts.
Reconversion d’églises à travers le monde 
Pour voir des exemples d’églises transformées et reconverties à d’autres usages à travers le monde : Cliquer ici (Présentation Powerpoint illustrant la transformation et ré-utilisation de 25 églises dans différents pays).
Autres liens et sites d’intérêt  
Plusieurs sites sont consacrés au patrimoine et à l’architecture en vue de la conservation et transformation d’édifices patrimoniaux. Nous vous invitons à les consulter.
La transformation de bâtiments religieux : Outil d’accompagnement. Produit et publié en 2015 par la MRC de Karmouraska avec divers partenaires, ce guide est divisé en 10 étapes de réalisation, chacune avec divers outils et listes de contrôle.
L’état du patrimoine religieux. Cette série de cahiers publiés par Conseil du patrimoine religieux du Québec vise à faire le point sur un enjeu ou un aspect majeur de la protection ou de la mise en valeur du patrimoine religieux :

– Que deviennent nos églises en mutation ? Numéro 1 – Avril 2012
– Comment planifier le changement d’usage dans un contexte patrimonial Numéro 2 – Octobre 2012
– Les municipalités et l’avenir des églises : une implication nécessaire – Numéro 3 – Mai 2013

 

RESSOURCES SPÉCIALISÉES EN CONSERVATION DU PATRIMOINE

  • Architectes et experts conseil

Bâtir son quartierLe groupe de ressources techniques (GRT) de l’organisme Bâtir son quartier est un partenaire de choix dans le mouvement de sauvegarde des églises québécoises.

Rayside Labossière
La firme Rayside Labossière a à son actif une grande variété de projets, tant publics que privés, tant institutionnels que résidentiels, économiques et luxueux. Elle est connue pour ses conversions de sites et d’édifices religieux. Afin de se donner les moyens de développer des projets avec la communauté, la firme a adopté une structure de fonctionnement unique en son genre, soit celui d’une entreprise privée qui fonctionne selon le modèle d’un organisme à but non lucratif : la majorité des profits de la firme sont réinvestis pour soutenir le travail en développement social. Pour plus de détail : cliquer ici.
Patri-Arche / Patrimoine et architecture
Patri-Arch est une firme de consultants en patrimoine et en architecture qui confectionne des outils de connaissance et de gestion du patrimoine architectural et prodigue des conseils et avis sur des questions de conservation du patrimoine bâti.
Philosophie d’entreprise. Les études sur le patrimoine bâti et son milieu peuvent être réalisées à différentes échelles. Le cadre d’intervention peut englober le bâtiment, son environnement immédiat, une rue, un quartier, une ville ou un village, une MRC ou une région tout entière, selon les besoins énoncés et les objectifs de l’étude. Que ce soit à l’échelle d’un édifice ou d’un plus grand territoire, l’objet d’étude est toujours analysé en relation avec son milieu et son contexte historique et paysager.
Ancestra
Entreprise fondée en 2007 par Maxime Dostie, la firme Ancestra est vouée à la préservation du patrimoine bâti et à la revitalisation des quartiers historiques. Elle offre des services de construction, rénovation et restauration dans les domaines résidentiel, commercial et institutionnel.
Réjean Lafleur architecte
La firme Réjean Lafleur architecte est spécialisée en rénovations et remise aux normes ou transformations d’églises, incluant carnets de santé, inspections et expertises. Exemple de projet : transformation du chœur de l’église St-David, à Lévis (Réf. Espace symphonique de Lévis, CPRQ, série Des églises réinventées).
Chevalier Morales architectes
La firme d’architectes Chevalier Morales a été responsable du projet d’aménagement de La Maison de la littérature dans l’ancien temple Wesley, au cœur du Vieux-Québec. L’édifice a fait l’objet d’une audacieuse transformation intérieure auquel s’ajoute un bâtiment moderne et lumineux. Réf. : CPRQ, Des églises réinventées, Maison de la littérature – Un concept unique en Amérique du Nord.
Marie-Josée Deschênes architecte
Marie-Josée Deschênes architecte se spécialise dans les projets de restauration de bâtiments patrimoniaux où les églises occupent une place prédominante.
Lafond Côté Architectes
Établie à Québec depuis plus de 20 ans, la firme Lafond Côté Architectes se spécialise en habitation collective, patrimoine et culture. Exemple de réalisations : Monastère des Ursulines à Québec.
Nomade Architecture
Prix spécial du patrimoine – Prix de mise en valeur du patrimoine édition, 2006
Passerelles / Coopérative en patrimoine
Passerelles est une coopérative de travail qui œuvre à la valorisation et à la reconnaissance du patrimoine culturel, en offrant des services-conseils et en organisant des activités d’interprétation et des événements festifs. Elle s’assure que chaque projet est développé dans un climat de partage et de convivialité.
  • Artisans spécialisés en restauration du patrimoine

Répertoires de ressources de  l’APMAQ et du CMAQ

L’association Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) a publié et mis à jour en 2002, un Répertoire de ressources pour la restauration de maisons anciennes qui compile les coordonnées d’artisans à travers le territoire québécois. Il faut contacter le secrétariat de l’APMAQ pour en obtenir une copie. Réf. Voir la section Ressources en restauration sur leur site web.

L’APMAQ entretient également des liens de collaboration avec une association qui se préoccupe spécifiquement de cette question : le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ). Sa mission est de regrouper, représenter et soutenir la pratique des artisans en métiers d’art du Québec. Depuis l’automne 2012, le CMAQ a mis en œuvre les différentes étapes pour permettre la reconnaissance professionnelle des artisans du secteur des métiers d’art liés à l’architecture et au bâtiment. Tous les artistes, artisans et entreprises identifiées ont été invités à faire évaluer leur production afin « qu’elle soit reconnue métier d’art ». On peut consulter ce répertoire sur le site internet du CMAQ : Répertoire des artistes et artisans professionnels en métier d’art liés à l’architecture et au bâtiment.

Autre : MRC de Drummond – Répertoire des ressources spécialisées en patrimoineLe répertoire se veut une  »source d’information destinée aux propriétaires et aux professionnels soucieux de préserver le cachet des bâtiments anciens par des interventions de qualité en matière de rénovation ou de restauration« . Il contient près d’une centaine d’inscriptions, regroupées en diverses rubriques : experts-conseils, architectes, ouvriers spécialisés, fournisseurs de matériaux neufs et anciens, fournisseurs de services.
Artisans
Atelier L’Établi
Passionné par la conservation du patrimoine bâti, l’Atelier l’Établi offre des services spécialisés de menuiserie et d’ébénisterie pour la reproduction et la fabrication de boiseries ornementales, ainsi que pour toute autre composante en bois massif pour l’intérieur et l’extérieur.
Maçonnerie Richard Tremblay Inc.
Le Prix de l’artisan a été octroyé à Maçonnerie Richard Tremblay Inc. pour la qualité de son travail dans la restauration d’éléments patrimoniaux architecturaux. En activité depuis 1991, la firme s’est illustrée dans des projets résidentiels, commerciaux, industriels et institutionnels, en faisant du respect du patrimoine architectural une priorité absolue. Réf.  : 24e Opération patrimoine architectural – Montréal récompense des propriétaires exemplaires en matière de protection et de mise en valeur patrimoniale.
Les Ateliers Lucifer
Prix spécial du patrimoine – prix de l’artisan, édition 2001
Patrimoine urbain inc.
Prix spécial du patrimoine – prix de l’artisan, édition 2007
Prix spécial du patrimoine – prix de l’artisan, édition 2008

http://patrimoine.ville.montreal.qc.ca/prix/speciaux08.htmhttp://labellecornicheetfils.com/

Autres liens d’intérêt (en ordre alphabétique)

Action Patrimoine – Paysages et architecture (formation, sensibilisation) -« Notre mission consiste à mettre en valeur et à faire connaître le patrimoine bâti et les paysages culturels du Québec. Nous croyons fermement qu’ils contribuent à l’identité collective et participent à la qualité de vie des citoyens« .

Héritage Montréal (depuis 1975). Organisme à but non lucratif, Depuis 1975, Héritage Montréal œuvre à promouvoir et à protéger le patrimoine architectural, historique, naturel et culturel du Grand Montréal.

H-MTL la plateforme interactive d’Héritage Montréal sur les sites vulnérables.

Centre de conservation du patrimoine du Québec

Continuité – Le magazine sur le patrimoine familial, religieux et culturel au Québec (depuis 1982).
Vivre en ville – la voie des collectivités viables (recherche, formation, sensibilisation, implication dans le débat public, services de conseil et d’accompagnement). Organisation d’intérêt public, Vivre en Ville « stimule l’innovation et accompagne les décideurs, les professionnels et les citoyens dans le développement de milieux de vie de qualité, prospères et favorables au bien-être de chacun, dans la recherche de l’intérêt collectif et le respect de la capacité des écosystèmes.« 

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